Catégories
Algérie Egypte Maghreb Maroc Tunisie

Le mythe algérien de la rente pétrolière :

a) Part des hydrocarbures dans les subventions sociales :

Le système de subventions en Algérie repose sur deux piliers. D’une part, les « transferts sociaux » qui permettent à tous les Algériens de bénéficier d’une éducation et de soins gratuits, ainsi que de logements extrêmement bon marché. D’autre part, des subventions aux produits et services de base, tels que le pain, la semoule, le sucre, l’huile, l’eau, l’électricité, le gaz et les transports. En 2021, le total des subventions directes et indirectes a atteint environ 5.131 milliards de DA, soit l’équivalent de 23% du PIB.

Sur la base d’un PIB de 187 milliards $ en 2021, ces subventions représentent 43 milliards $

Les ventes de pétrole et gaz de l’Algérie en 2021 étaient de 35.4 milliards $ (chiffres d’affaires sans déduction des charges de l’entreprise Sonatrach).

Si l’on compare ces chiffres à ceux des années 2022 et 2023, à critères identiques :

Le Pib de 2022 était de 226 milliards $ et les subventions à 55 milliards

Les ventes du pétrole et de gaz de l’Algérie en 2022 étaient de 68,4 milliards $ (montant brut sans déduction des charges de l’entreprise Sonatrach)

Le PIB de 2023 était de 240 milliards $ et les subventions à 52 milliards $

Les ventes du pétrole et de gaz sont de 50 milliards $ (montant brut sans déduction des charges de l’entreprise Sonatrach)

Les ratios l’indice de développement humain et l’indice de pauvreté de la Banque mondiale confirment l’impact de la politique de répartition des richesses d’hydrocarbures en Algérie, sur le plan social :

  1. Indice de développement Humain

Algérie            Maroc             Tunisie            Egypte                           0,745(1er)        0,698(4e)         73,2 (2e)          0,728(3e) Taux

93ème               120e                101e                105e Classement

2) Indice de pauvreté :

1,4%                3,9%               16,6%              29,7% %

b) Part des hydrocarbures dans le PIB algérien

On confond trop souvent les recettes en devises étrangères et la part des hydrocarbures dans le PIB national qui ont représenté en moyenne 96 à 97% des recettes en devises, avec une inflexion notable depuis 2020 ramenant ce taux à 90%.

Si l’on recalcule les PIB sans les produits du pétrole et du gaz, nous obtenons :

Année 2021 : 187 milliards $ — 35,4 milliards $ = 151,6 milliards (hors hydrocarbures)

Année 2022 : 226 milliards $ — 68,4 milliards $ = 157,6 milliards $ (hors hydrocarbures)

Année 2023 : 240 milliards $ — 52    milliards $ = 188 milliards (hors hydrocarbures)

En comparant le PIB algérien sans ressources pétrolières avec celui des deux pays voisins :

Année             DZ (normal)  DZ (sans pétrole)  Maroc      Tunisie

2021                187 Mds $       151,6 Mds $    141,8 Mds$ 46,81 Mds$

2022                226 Mds $       157,6 Mds $   130,9 Mds$   44,58 Mds$

2023                240 Mds $       188    Mds $      141,1 Mds$   48,59 Mds$

Le PIB algérien reste nettement supérieur à celui de ses voisins, particulièrement par rapport au Maroc qui dispose d’une démographie approchante.

Le tort de l’Algérie est d’avoir misé presque exclusivement sur les recettes en devises des hydrocarbures au lieu de diversifier son économie pour exporter d’autres produits que les produits énergétiques.

Cette lacune semble être comprise par le gouvernement du président Abdelmajid Teboune, qui a activé, dès la fin de la pénible période de Covid en 2020, la création de sociétés privées et publiques en collaboration avec ou sans des entreprises étrangères. L’objectif est de satisfaire les besoins de la demande intérieure pour réduire les importations et permettre d’exporter les surplus des produits algériens autres que les hydrocarbures et leurs dérivés.

Face à la nécessité de redynamiser la croissance économique du pays, l’Algérie a voté la loi de finances 2020 pour abandonner « la règle du 51/49 » pour les investissements étrangers dans les secteurs non stratégiques en maintenant l’obligation du transfert de technologie, leitmotiv de l’Algérie pour tous les investissements étrangers en Algérie.

De même, l’Algérie a encouragé les investisseurs privés algériens en leur accordant des facilités financières et des terrains gratuits pour leur implantation. L’un des secteurs les plus convoités est celui de l’agroalimentaire dans le Sahara algérien, qui devient de plus en plus vert grâce aux infrastructures d’arrosage et aux systèmes de goutte-à-goutte mis au point par les opérateurs algériens.                 

c) Les réserves de change issues des hydrocarbures :

Sous la contrainte du FMI et de la Banque mondiale, l’Algérie a été forcée, durant les années 80, de céder ses entreprises publiques et de diminuer les effectifs de son personnel pour obtenir les prêts nécessaires afin d’affronter la situation économique internationale de l’époque. Depuis, l’Algérie a mis en place une réserve de devises en dollars, pour se mettre à l’abri d’éventuelles pressions conjoncturelles.

Cela consiste à affecter une part du montant des ventes de ses hydrocarbures à une réserve de prudence en devises, calculée de la manière suivante :

En début d’année, était déterminé un prix des hydrocarbures (moyenne des prix les plus bas des années précédentes) pour couvrir les charges budgétées de l’année que nous désignons par la lettre (A)

Moyenne du prix de vente effectif de l’année que nous désignons par la lettre (B)

L’équation :

Montant total des ventes en devises de l’année (B)

  • Montant des ventes totales budgétées (A)

Affectation de la différence à la fameuse réserve de prudence.

Bon an mal an, cette cagnotte a atteint au plus haut 256 milliards $ et la dernière en date à 82 milliards $, ce qui constitue une manne non négligeable en période de vache maigre

Pour le sacro-saint prisme de l’économie libérale, selon les recommandations de la Banque mondiale, il était préconisé, à tout le moins pour la partie des subventions alimentaire, d’exclure les familles aisées. Cependant, la mise en place d’une telle restriction s’avérait techniquement compliquée.

Par ailleurs, la devise de la république algérienne stipule « par le peuple et pour le peuple », ce qui remettrait en cause la privation d’une partie de la population fusse-elle la plus aisée.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *