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Monsieur Eric ZEMMOUR, cessez de vous dire un juif berbère d’Algérie

Même si vous avez des raisons convaincantes de rejeter votre lien de parenté avec les familles ZEMMOUR, originaires d’Algérie de la région de Constantine et ses environs, qui se sont fait connaître en France dans des domaines moins prestigieux (a), vous ne pouvez pas prétendre être d’origine berbère d’Algérie, car :

Les immigrés juifs installés en Algérie, l’antique Numidie, étaient venus dans la région (comme dans d’autres pays) à la suite de la destruction des temples de Jérusalem. Ils venaient aussi de l’Espagne, expulsés par le roi wisigoth SISEBUT au début du VIIe siècle, lors de la Reconquista espagnole au XVe siècle, et enfin, ils arrivaient plus tard, avec l’occupation française.

Il n’y avait pas de juifs berbères en Algérie ni de Berbères convertis au judaïsme. La religion juive était réservée aux migrants juifs eux-mêmes, mais il n’y a pas eu de conversion de Berbères, car le rigide judaïsme rabbinique était hostile au prosélytisme. En effet, c’était la mère exclusivement juive qui transmettait le statut de juif, mais elle ne pouvait épouser, selon la Torah, que des juifs, à l’exclusion de toute autre ethnie. (b)

Cette restriction faisait que la communauté juive de l’époque, comme celle implantée à Djerba en Tunisie, dans la vallée du Mzab en Algérie, dans le mont Néfoussa en Libye et dans l’antique Volubilis au Maroc, demeurait une ethnie homogène sans apport d’étrangers en son sein, bien qu’elle adoptât les modes de vie et de langues des autochtones berbères.

Par conséquent, affirmer que vous êtes d’origine berbère ou qu’il y avait des Berbères de confession juive en Algérie est une pure invention. Par ailleurs, avant et pendant la période romaine, les Berbères comme les Romains étaient tous deux polythéistes, ils croyaient en plusieurs dieux. C’est seulement sous l’empereur Constantin 1er, au début du 4e siècle après J.C, que le christianisme devint une religion officielle de l’empire.

Contrairement au christianisme d’où est d’ailleurs sorti un éminent homme d’Église, Saint Augustin, un berbère originaire de la ville actuelle de Souk-Arras en Algérie, il n’y avait pas de « Rabbi Jacob » pour convertir le berbère au judaïsme, d’autant que seul le prosélytisme chrétien était autorisé à l’exclusion de toute autre religion.

À la décadence progressive des Romains en Algérie, le retour aux cultes berbères et l’abandon des pratiques religieuses des quelques convertis au christianisme vont être favorisés par la persécution des vandales dès le Ve siècle après J.C, contre le christianisme et le judaïsme ; les vandales détruisirent les lieux de culte, et décimèrent pratiquement les cadres religieux en les passant par le glaive, y compris les prêtres de second niveau. Après les vandales, c’est au tour des Byzantins de s’attaquer aux religions monothéistes suscitées par des querelles doctrinales.

À mon avis, vous devriez bien préciser que vos ancêtres ont émigré dans l’antique et actuelle Algérie, que les autochtones berbères vous ont accueillie en leur sein, vous ont permis de pratiquer votre religion sans contrainte, confié parfois des fonctions régaliennes dans leurs institutions, moyennant ce que vous désignez comme l’horrible statut de Dilmi (c)

Vous pouvez effectivement être fier d’être devenu Français grâce au décret ségrégationniste CREMIEUX de 1872 qui accorda la nationalité française en Algérie à tous les juifs présents sur le territoire au détriment des autochtones algériens, un privilège qui n’a pas profité à tous les « non gaulois de souche » (d) comme vous aimez bien le préciser.

  • La famille ZEMMOUR d’origine juive d’Algérie, avait ses racines principalement dans la région de Constantine et ses environs, un centre important de la communauté juive. Le père d’Eric ZEMMOUR est né à Tébessa, une ville à environ 200 kilomètres des environs de Constantine ou il a vécu avant son départ pour la France. Cette région est également celle d’origine des frères ZEMMOUR, qui se sont illustrés dans le banditisme à Marseille et à Paris, comme le relate Wikipédia. Outre l’origine géographique de ce département algérien que la famille ZEMMOUR partage, malgré l’affirmation des Algériens de cette région selon laquelle les frères ZEMOUR, qui se sont illustrés dans le banditisme en France, sont les cousins du père de Éric ZEMMOUR, rien ne le prouve formellement. De plus, même si cela se vérifiait, les frères et cousins d’une même famille ne suivent pas nécessairement la même destinée.
  • Source : Extrait du livre « Berbères et Arabes, l’histoire controversée » par Med Kamel YAHIAOUI
  • Le statut de « dilmi » était un impôt payé par les étrangers dans les royaumes musulmans, tout comme les ressortissants étrangers le font en France aujourd’hui. Il leur garantissait également la sécurité des biens et des personnes.
  • À propos de gaulois, mon grand-père, qui a été à l’école en Algérie du temps de la colonisation, me racontait : un jour à l’école, dans un cours d’histoire, l’instituteur nous apprenait que nos ancêtres étaient « les Gaulois » alors qu’à la maison, mes parents me disaient que j’étais un berbère de Numidie (Algérie actuelle). Dans le cours, l’instituteur nous apprenait également, avec une pointe d’ironie, que les Gaulois étaient des « rois fainéants » (fait néant) nous disait-il. Ma naïveté de gamin m’a fait lever le bras et lui dire « Monsieur, je ne veux pas être gaulois, s’ils sont des fainéants

Edito : Massine TACIR, Ecrivain Essayiste

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Les OQTF, le nouveau mot magique qui rapporte gros en politique

Comme les thèmes politiquement payants du voile, la burqa, la laïcité, l’immigration, l’islam et l’antisémitisme, ce nouveau thème est en passe de surclasser tous ceux qui l’ont précédé. D’ailleurs n’est-il pas plus facile de l’évoquer, voire le justifier par un simple tour de passe-passe fallacieux, pour faire monter la mayonnaise parmi un population qui peine à retrouver sa cohésion nationale et son paisible train de vie.

Le terme «  OQTF  » est devenu aussi spéculatif qu’une valeur boursière. Ainsi, les OQTF des pays européens en dehors de l’UE, celles de tout autre continent, ne sont pas aussi rentables que les OQTF du Maghreb.

Et, à l’intérieur même de ce foutu Maghreb, il y a un pays qui rapporte bien plus que ses voisins, l’évocation de son simple nom est en soi un jackpot politico-médiatique ; vous l’avez certainement deviné, c’est celui de l’ALGÉRIE, la bombe médiatique en France.

Sans revenir sur les subtiles mises en scène depuis la fin juillet 2024 à propos de l’Algérie, les déclarations des plus hautes autorités françaises, qui semblent crédibles, d’une Algérie qui «  humilie  » la cinquième puissance du monde et qui se «  déshonore  » par la même, lesquelles déclarations sont reprises, enrichies et amplifiées par une extrême droite et une droite à l’affut.

Traditionnellement, les « coups fourrés » sont l’apanage des services secrets, sauf que pour l’Algérie et ses OQTF, c’est les politiciens eux-mêmes qui accaparent de cette mission :

En premier lieu, c’est le ministre de l’Intérieur qui, tambour battant, expulse manu militari un prétendu dangereux influenceur algérien, Dboualem, qui est en situation régulière en France depuis plus de 15 ans, mari d’une Française et père de deux enfants français.

Mais ce n’est pas la question. Notre subtil ministre souligne, en y insistant, que le prétendu délinquant possédait un passeport biométrique algérien en règle et que l’Algérie l’a renvoyé simplement pour «  humilier la France  », dit-il. Après coup, il s’est avéré que les autorités algériennes étaient en droit de renvoyer à l’expéditeur ce ressortissant sur le fondement légal que cette expulsion était arbitraire ; le pire pour Mr Retailleau c’est que cela a été confirmé par la justice française, faisant grief à ce ministre d’avoir évoqué un motif inapproprié d’expulsion, Dieu merci, la justice veille.

Ensuite, monsieur Éric Ciotti, député de la première circonscription des Alpes-Maritimes, a profité de cette occasion pour commenter un autre cas similaire. Eric Ciotti, un homme politique d’obédience UMP, puis LR, maintenant à l’extrême droite avec l’Union des Droites pour la République, a saisi l’occasion de critiquer l’expulsion d’un individu d’origine algérienne ayant fait l’objet d’une mesure de renvoi vers son pays d’origine après son arrestation pour des violences intrafamiliales. Il a été renvoyé par l’Algérie, car la France n’avait pas respecté les procédures légales, il ne disposait pas « du laisser-passer consulaire avec passeport », lui permettant d’être accueilli dans son pays d’origine

Les autorités françaises, tout comme M. Ciotti et monsieur le ministre de l’Intérieur précédemment, semblent avoir ignoré les conventions bilatérales et le droit français en la matière.

Voyant voir, particulièrement, ce terme OQTF, qui ne cesse de titiller les oreilles de nos concitoyens grâce au tapage médiatique qui en est fait :

Je ne cite que les OQTF concernant l’Algérie, puisque c’est d’elle qu’il s’agit :

Saviez-vous que l’affirmation selon laquelle l’Algérie «  refuse d’appliquer ses OQTF  » n’est pas tout à fait exacte  ? En réalité, selon le rapport du ministère de l’Immigration de France publié le 4 février 2025, 2999 OQTF algériens ont été exécutées en 2024, soit une augmentation de 17 % par rapport aux 2562 OQTF algériens exécutées en 2023.

Les chiffres officiels contredisent les affirmations tapageuses des opposants. Il est donc clair qu’il s’agit d’une supercherie concernant les deux OQTF refoulés par l’Algérie, dont les raisons, faut-il le souligner, sont dues au non-respect des conventions franco-françaises sur l’expulsion des OQTF et à la non-conformité juridique du droit français quant à leur expulsion.

Même si, comme on dit, «  En politique, tous les coups sont permis  », il est évident que la spécificité de l’Algérie sur la scène politique française est suffisamment lucrative pour qu’on lui asséne des coups, peu importe leur raison. De plus, on doit l’accabler pour son péché originel, qui a été de repousser la colonisation française hors du pays, et de servir d’exemple aux autres pays.

Edito : Massine TACIR, Ecrivain, Essayiste

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