COREE DU NORD
Drôle de pays que l’on nous décrit despote, peuple affamé et j’en passe.
Mais d’où tire t-il cette avance technologique, cette maitrise du nucléaire et surtout par quelle financement sachant que , nous dit-on , un pays fermé et inaccessible par l’extérieur ?
Massine Tacir
Corée du Nord : 5 questions sur la bombe atomique de Kim Jong-un
Selon certains experts, Pyongyang pourrait bientôt être en capacité de projeter un engin plus puissant que celui qui a détruit Hiroshima à des centaines, voire des milliers de kilomètres.
Kim Jong-un, l’homme le plus dangereux de la planète
1Comment la Corée du Nord s’est-elle procuré la bombe ?
On ne sait pas avec certitude comment les ingénieurs nord-coréens sont parvenus à découvrir les premiers plans de la bombe… Grâce aux Chinois ? Aux Pakistanais ? Beaucoup de spécialistes pensent que Pyongyang a reçu l’aide du réseau du père de la bombe pakistanaise Abdul Qadeer Khan qui a reconnu s’être rendu une dizaine de fois en Corée du Nord notamment pour vendre les plans de centrifugeuses, les machines à enrichir l’uranium.
2De quel arsenal dispose Pyongyang ?
Selon les services de renseignement de Séoul, la Corée du Nord disposerait d’une quinzaine de bombes rustiques. Ce qui inquiète les spécialistes est l’avancée du programme balistique de Pyongyang. En février 2016, ses ingénieurs sont parvenus à mettre sur orbite un prétendu satellite de communication. En fait, il s’agissait du test d’un missile de longue portée (photo ci-dessous). Un premier avait déjà réussi en 2012. Reste à savoir quand les chercheurs parviendront à installer au bout d’une telle fusée une tête suffisamment petite et légère pour être projetée à des milliers de kilomètres.
Cette tête miracle ne peut être qu’une bombe dite à hydrogène. Les ingénieurs nord-coréens sont-ils capables de mettre au point une bombe H ? Bruno Tertrais, chercheur à la Fondation pour la Recherche stratégique :
« Personne ne le sait avec certitude. Le dernier essai, en janvier, le quatrième réussi depuis 2006, a été fait à une profondeur telle que les capteurs n’ont pas pu ‘renifler’ les gaz rares avec précision. »
Bien que le régime affirme avoir réussi à faire exploser ce jour-là une bombe H, il semble que l’engin testé était une arme à fission « boostée » : une arme atomique classique mais beaucoup plus puissante.
3Comment est financé le programme militaire ?
La Corée du Nord n’est toujours pas totalement électrifiée, et une partie de son peuple souffre de malnutrition, mais « Kim 3 » investit des fortunes dans ce plan fou. Pour trouver des devises, tous les moyens sont bons : de l’exportation de travailleurs au trafic de drogue synthétique en passant par l’ouverture de restaurants à l’étranger.
4Kim Jong-un envisage-t-il de frapper ?
Son père était prêt à abandonner l’arme atomique : pour lui, elle était un instrument de négociation avec les Américains, notamment pour obtenir de l’aide alimentaire. Le fils la considère comme l’assurance-vie de son régime. Le journaliste Lee Jaehoon qui épluche ses discours pour le quotidien sud-coréen ‘The Hankyoreh’, explique :
« Il parle souvent de Kadhafi et de Saddam Hussein. Il répète : voyez ce qui arrive à ceux qui renoncent à la bombe atomique. Son idée est d’obtenir des Américains une réunification des deux Corées en une sorte de confédération, tout en conservant la bombe. »
Pourrait-il l’utiliser ? « On ne peut plus exclure cette hypothèse totalement », répondent aujourd’hui la plupart des spécialistes. Certains se demandent si, un jour, il ne pourrait pas être tenté de faire une démonstration de force.
5Quelles sont ses cibles ?
Les bombes de Pyongyang constituent une menace sérieuse pour son voisin sud-coréen puisqu’elles peuvent être lancées de l’un des Soukhoï en service dans l’aviation du pays. Si l’arme testée en janvier dernier explosait à Séoul, elle ferait des milliers de morts.
Que se passerait-il si la bombe nucléaire nord-coréenne tombait sur Paris ?Dans l’hypothèse d’une démonstration de force, Kim Jong-un pourrait aussi faire exploser un engin à très haute altitude au-dessus de Séoul. Personne ne serait tué par la déflagration ou la radioactivité. Mais l’impulsion électromagnétique produite par l’explosion dévasterait tous les circuits électriques de la capitale sud-coréenne, qui en serait paralysée.
Selon certains experts, Pyongyang sera bientôt en capacité de projeter un engin plus puissant que celui qui a détruit Hiroshima à des centaines voire des milliers de kilomètres. Les Américains le redoutent. La preuve : ils ont déjà installé un bouclier antimissile en Alaska et en Californie pour contrer une éventuelle attaque…
Vincent Jauvert